Nous étions dimanche. C’était le quatrième que je passais à Los Angeles et je commençais tout juste à m’acclimater à la ville. Le temps était loin d’être le même qu’en France. Là-bas, il aurait fait moins de 10 degrés en ce mois de septembre alors qu’aux États-Unis, je pouvais m’estimer heureux avec le grand soleil qui surplombait le ciel sans nuage. Néanmoins, quelque chose n’allait pas. Je ne me sentais pas dans mon assiette dans cette ville que je ne connaissais que trop peu. Cette sensation, je l’avais de très nombreuses fois eux quand j’habitais encore à Paris, et elle m’avait suivi jusqu’ici. Il faut dire qu’après tout ce qui s’était passé dans ma vie au cours des deux dernières années, j’avais été servi et vouloir m’échapper de tout cela en allant vivre à des milliers de kilomètres, n’arrangeait au final pas grand-chose.

Mon travail en tant qu’agent de police me passionnait, mais quand il s’agissait de me mettre dans la peau d’un trafiquant de drogue et de femmes, je me sentais nettement moins dans mes baskets. Pourtant, c’est le rôle que j’avais accepté de jouer et que je tiendrais pendant les prochains mois, voir les prochaines années à venir. Je ne pouvais plus revenir en arrière, il était bien trop tard pour ça ! Alors il faudrait que j’arrive à vivre avec, à mettre mon côté de garçon trop gentil pour enfiler celui d’un voyou de première zone qui en fait baver à tout le monde… Il faut dire que ce rôle, je le jouais à la perfection malgré tout et personne n’avait encore remarqué la moindre faille dans mon comportement. Sans doute car ils n’avaient pas trop creusés il faut dire…

Ce soir, j’avais besoin de décompresser, cela devenait vital ! Dans la journée, j’avais passé un deal très intéressant avec un gros revendeur de la côte est, ce qui m’avait donné pas mal d’informations à rapporter à mes supérieurs. J’avais donc décidé de me reposer un peu ce soir, en pensant avant tout à moi. C’était donc tout naturellement que j’avais décidé d’aller dans un bar dont j’avais entendu parler. Je m’étais renseigné sur le fait qu’aucune de mes récentes fréquentations douteuses ne traineraient dans le coin, ce qui me laisserait la chance d’être un peu plus moi-même pour quelques heures. Une fois que j’arrivais, je me posais directement sur une des chaises hautes du bar avant de demander au serveur une vodka. Il ne tarda pas à m’amener la boisson que j’avais choisie. Et naturellement, je me mis à la boire, gorgée après gorgée, seul dans mon coin. Je regardais les gens aux alentours, ceux qui rentraient, ceux qui sortaient, et même ceux qui faisaient des allers-retours. Il y avait des filles plutôt mignonnes, mais à vrai dire, ce n’était pas ma préoccupation particulière ce soir. Et alors que je vis passer un couple, bras dessus bras dessous, qui avait l’air plus heureux que jamais, la sensation de solitude se fit ressentir un peu plus encore.